Charles Garnier - Un rêve plus grand qu'un homme

HISTOIRE ▬ Charles est né dans le 5ème arrondissement de Paris, sans fanfare si ce n'est ses cris à en décoller les tympans. Sa famille avait déjà de bons moyens, et son éducation se fit dans une relative quiétude.

Depuis le plus jeune âge, il s'est passionné à la littérature, la musique, mais surtout à l'architecture. Un rêve plus grand que lui l'animait, et c'est ce projet dans la tête qu'il se couchait chaque soir, rêvant de grandiloquence et de majesté.
Il ne s'intéressait que peu aux gens, mais savait répondre aux demandes sociétales.

C'est avec une indifférence teintée d'un certain mépris qu'il assista à la prise de pouvoir des Nocturnes. Alors que l'affolement et l'opportunisme se rangèrent dans deux camps, il se contenta d'y jeter un oeil froid. Cela ne le concernait pas et ne l'intéressait pas. Son opéra était tout ce qui importait.

Mais, à l'aube de ses trente ans, une maladie inconnue le frappa. Les choses de la vie cessèrent de l'intéresser. Il se levait fatigué, pour se coucher fatigué. Les aliments perdaient de leur saveur, les jours perdirent de leur chaleur.
Terrifié, il vit son rêve s'éloigner au fur et à mesure que la maladie progressait.

Dans un de ses jours les plus sombres, alors que tout espoir semblait perdu, un démon séduisant lui fit une proposition impossible à refuser. Alors, il fit l'impensable : il conclut un pacte avec le fils du Diable, Azazel. En échange de son âme, celui-ci lui accorda jeunesse, protection et autant d’années supplémentaires qu’il ne lui en fallait pour mettre en œuvre son projet d’opéra. Sa guérison fut aussi fulgurante que miraculeuse. Pour Charles, cela semblait presque peu cher payé.

Mais Charles refusa de donner quelconque explication et ne pipa mot de ce marché. Quand il se rendit compte qu'Azazel, loin d'être un démon ordinaire, était si haut placé même parmi les Nocturnes, il paniqua et songea sérieusement à la folie de son ambition. Mais rien ne pouvait l'arrêter. Elle était implacable et imbattable.
Il resta cependant fermement sur sa position Neutre, qui lui donnait une marge de manoeuvre plus grande pour les transactions comme pour ses interactions. Et si la vérité était autre, personne d'autre que lui et ce maudit démon ne le saurait.

Malgré tout, sa maladie lui marqua profondément l'esprit, et il devint hypocondriaque, en dépit du pacte lui assurant de rester en suffisamment bonne santé tant que sa grande œuvre n’est pas achevée.

C'est avec une anxiété de plus en plus difficile à étouffer que Charles voyait son opéra sur le point de s'achever. Il se réveillait en sueur, persuadé d'apercevoir un homme lui arracher son âme pour lui faire subir mille supplices. Les aliments perdaient de nouveau leur saveur. La frénésie l'envahissait, le poussant tour à tout à accélérer les préparatifs puis à tout arrêter net. Il rendait les ouvriers fous. Il se rendait fou. Mais l'opéra devait être terminé. Quelqu'en soit le prix.