V
oilà quelques semaines déjà que tu ne m'as pas fait le plaisir de traîner ta flegmatique silhouette dans les couloirs du château. J'en déduis que, comme à ton habitude, tu es trop occupé à monter un opéra ou une danse macabre. Tu sais à quel point j'aime ton art, mon enfant. Cependant, il ne te dispense pas de tes devoirs de fils et de Seigneur.
Je prends la plume ce soir, non pas simplement pour te rappeler que ton statut de Seigneur devrait te faire sortir de l'opéra Garnier, mais pour t'entretenir d'une douloureuse affaire qui nous a été remontée. Rán, la Dame des sorcières, que tu connais certainement comme étant la caractérielle blonde à qui tu envoies des caricatures pendant les conseils du Haut-Parlement Nocturne, a déposé une plainte officielle auprès de ton père et moi. J'ai dû en recevoir le dépôt avant ton père, toujours à Londres, mais cela ne saurait tarder.
Elle explique, avec de nombreuses preuves et témoignages, que tu lui aurais volé une esclave -esclave que je lui ai moi-même offerte il y a quelques mois lors des précédents Jeux Cruels. Il s'agit d'un incident diplomatique conséquent, Azazel. Ton père sera certainement furieux. Je suis évidemment convaincue qu'il s'agit là d'un malentendu que tu sauras clarifier au plus vite.
Il est absolument inenvisageable que nous perdions le soutien des Sorcières. Leurs sortilèges assurent la sécurité de toutes nos places fortes. De plus, Rán est très proche de Cassiopeia qu'il est hors de question que nous froissions aussi.
J'espère que, pour une fois, tu sauras saisir la gravité de la situation et l'arranger avant que ton père ne t'enchaîne réellement aux Enfers. Désamorce ce conflit avant la prochaine lune. Au cas où tu ne l'aurais pas saisi, il s'agit d'un ordre.