Lorelei - I will walk in faith even when I can not see.

HISTOIRE ▬ Lorelei Byron naquit une froide après-midi de février 1776 dans la chambre cossue qu’occupait sa mère, Anette Byron depuis le début de sa grossesse. On nota aussitôt qu’elle était malingre mais vive, bruyante et, surtout, qu’elle avait l’œil vitreux et proéminent de son père Andrew Byron, Grand Inquisiteur Royal.

Lorelei fut la seule enfant de ce couple froid et distant. Elle grandit en sortant rarement de l’enceinte de la demeure familiale, apprivoisant le monde extérieur par procuration grâce à l’éducation anglicane stricte qui lui fut dispensée et les récits pessimistes dont son père l’abreuvait.

La Révolution Nocturne fut moins surprenante pour les Byron que pour leurs contemporains tant ils se préparaient depuis des années au retour des forces du Malin. Lorelei avait treize ans lorsque sa famille fut faite prisonnière, quatorze lorsqu’on exécuta son père, quinze lorsque sa mère mourut d’un nouveau variant de la dysenterie que la Reine Drusilla avait créé pour l’anniversaire de l’une de ses filles, dix-sept lorsqu’une mutinerie de prisonniers l’empêcha d’être vendue comme esclave à un convoi partant pour Paris.  

Elle erra quelques temps dans les faubourgs populaires de Londres et découvrit, pour la première fois de sa vie, le monde extérieur. Les rues ravagées, soulevées par la pauvreté et l’oppression Nocturne lui donnèrent une vision de l’univers plus pessimiste et apocalyptique encore que celle que son défunt père lui avait véhiculée. Elle observa avec stupeur la prostitution, le vol et le meurtre. Horrifiée par les vices qui enflammaient les rues, elle se réfugia dans une église en ruines où elle rencontra un groupe de croyants en fuite.

Très vite, elle s’intégra dans ce maigre bastion de Dieu. Elle mit à leur service son énergie et sa vigueur et devint une femme à leur côté. Une femme vierge, obstinée et guerrière. Quittant les villes, devenues trop dangereuses, pour les bois éloignés, la petite troupe de révolutionnaires s’installa au coeur de l’Ecosse où ils se trouvèrent un nom : « La confrérie Diurne ».

La confrérie comptait en ses rangs huit hommes, neufs femmes et six vieillards dont l’âge trop avancé en faisait un fardeau inutile. Depuis quelques années maintenant, Lorelei s’est imposée parmi les meneurs. Elle participe activement à la rude gestion leur village forestier. La composition de ce petit bourg leur demande des matériaux simples que les hommes vont piller dans les lieux-dits abandonnés environnants. Ils disposent d’une minuscule chapelle de bois clair, de dix huttes, de quelques champs de culture et d’un puits.

Dans ce microcosme isolé, Lorelei encourage ses semblables à se reproduire malgré le péché des unions non maritales. À chaque nouvelle arrivée de fidèle, la communauté s’agrandit et prospère dans l’inexorable but de devenir légion et de combattre le Mal.