Dead Brides RPG
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[Sarah & Rán] Une île sans phare.

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Dame Rán
Dame Rán

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   [Sarah & Rán] Une île sans phare.  Empty() Dim 18 Avr - 11:55

Une île sans phare
Sarah & Rán


« Bertil, Bertil,
Vite saute dans l’eau,
Quelque chose a corrompu ton vaisseau.

Bertil, Bertil,
Sens-tu le vent sur ta peau ?
C’est la sorcière qui est dans ton dos.

Bertil, Bertil,
Il n’est pas trop tard.
Cours, cours, nage et pars.

Bertil, Bertil,
Quelle idée bizarre,
D’unir ton coeur à cette île sans phare.

Bertil, Bertil,
Rán t’a saisie !
Au fond de l’océan, tu es maintenant punie.

Bertil, Bertil,
Les sorcières sont honnies,
Elles détruisent toujours ce qu’elles ont chéri. 
»
Berceuse norroise.

Durant les trois jours qu’elle avait passés au cachot, la jeune esclave n’avait chantonné que cette berceuse, apprise de ses camarades esclaves en arrivant au domaine de la Dame des Sorcières. Cette rengaine effrayante servait après tout d’avertissement aux nouvelles arrivantes et c’était là ce qu’on lui avait ordonné. L’esclave avait donc veillé, trois jours et deux nuits, à ce que la nouvelle venue de Rán ne meure pas.

Chaque matin, elle avait pour mission de lui caresser les lèvres avec un chiffon humide, pour lui rappeler le bonheur indicible qu’elle éprouverait à boire un peu. L’esclave n’aimait pas ce rôle. Certes, vous étiez assez tranquille, sans les autres filles, mais la vision du supplice d’autrui était très désagréable pour un coeur humain. Elle se demandait, parfois, comment faisait Rán pour la supporter.

Habituellement, les esclaves de cette maison officiaient toujours nues, seulement vêtues d’un imposant collier de fer. Certaines -celles que Rán acceptait dans sa chambre pour sa toilette- portaient aussi de lourds bracelets aux poignets pendant que d’autres -celles dont elle savourait les capacités charnelles- en portaient aux chevilles et aux poignets.

Cela permettait à chacune de savoir à qui elle s’adressait. En effet, les porteuses de bracelets étaient légèrement privilégiées. Elles mangeaient toujours chaud, dormaient plus longtemps et pouvaient, parfois, bénéficier de quelques largesses dont elles se targuaient avec orgueil.

Mais, à son grand soulagement, étant donné la fraîcheur cruelle des « loges », on avait autorisé l’esclave gardienne à revêtir une robe de coton grise. Cela faisait un drôle d’effet, un vêtement, quand on n’y était plus habituée. Elle avait donc savouré le confort d’une robe et la chaleur de trois repas par jour qu’elle avait pour ordre de manger devant la suppliciée. Ça valait bien certains des avantages des porteuses de bracelets. Elle se demanda, silencieusement, ce qu’il faudrait qu’elle fasse pour que Rán l’accepte dans sa chambre.

Au matin du quatrième jour, l’esclave dégusta son petit déjeuner devant la suppliciée. Elle prit son temps, comme on le lui avait ordonné, et rangea le tout avant de saisir le chiffon usé qui lui servait à humidifier ses lèvres. Suivant les consignes de sa maîtresse, elle le trempa cette fois-ci non pas dans l’eau mais dans un liquide pourpre qui ressemblait à du sang. La porteuse de bracelets qui lui avait apporté le récipient lui avait dit qu’il s’agissait là de sang de vampire, mais l’esclave était persuadée qu’elle disait cela juste pour l’angoisser. Les porteuses de bracelets étaient toutes des pestes.

Elle trempa donc le chiffon dans le liquide et s’approcha de la suppliciée et lui murmura ce que sa  maîtresse lui avait ordonné :

« Nous sommes à l’aube de ton troisième jour de supplice. Dame Rán est prête à faire preuve de miséricorde et à te faire boire, si tu consens à te montrer plus docile. Je dois lui faire remonter ta réponse, que dois-je lui dire ? »


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   [Sarah & Rán] Une île sans phare.  Empty() Mer 28 Avr - 17:11

Une île sans phare
Dame Ràn & Sarah


Une nielle grasse et opaque infestait toute entière le corps et la conscience de l'humaine. Les membres rompus, corrompus, tortures et cruautés enlacées, crissaient à l'envi une soif effroyable.

Il y eut ces heures atroces où une solitude pestilentielle déversa ses relents abominables, barbouillant les murs glacés de la cellule. Pendue aux chaînes, les poignets entaillés, elle avait fini par émerger cependant, les sens soudain réveillés par des effluves alimentaires.

Cauchemar et horreur

Affaiblie, elle entendit malgré tout les bruits de la cuillère raclant l'écuelle, reconnut les échos de la mastication. Le temps n'existait plus. Elle n'existait plus.
Ne palpitait que la monstruosité du supplice, inouïe d'outrecuidance.

L'espace d'un rictus, Sarah ricana en silence, la bouche bien trop sèche pour émettre le moindre son. La sorcière ne l'aura pas, quoi qu'il lui en coûte. Elle n'avait plus qu'à crever. Mais choisir de mourir n'était guère suffisant.

Au début, elle contemplait l'esclave telle un spectre enchanté, sublimant sa présence. Sa vue, brouillée par le manque d'eau, se perdait au travers des contours évanescents de la silhouette couleur de pluie. Les sensations irréelles provoquées par le calvaire, exacerbaient les parfums salvateurs inaccessibles, les odeurs de viande, de poisson, de légumes frais, le crac indomptable d'une pomme entre les dents...Tout ce petit monde olfactif et sonore maintenait l'ersatz de vie, nourrissant une faim irrépressible, abreuvant une soif de persécution.

Epouvante et déchéance

Entre les visites de la jeune femme, la révolutionnaire s'enfonçait dans un cauchemar. Elle souffrait, priait la Mort , souffrait, invoquait sa mère, souffrait, sommeillait gémissante, souffrait...Le cycle infernal, démoniaque, virevoltait.

Une agonie perpétuée avec finesse et savoir.

Vint ce point de rupture où seule, la délivrance suprême l'obséda. Les scories de révolte qui l'animaient encore furent dissoutes en quelques heures. Elle ne parvenait plus à lutter, ne serait-ce que dans l'intention, vaincue à une crucifixion orchestrée de main de maître.

Au premier jour, elle se mit à ahaner au rythme des saccades aléatoires de sa respiration. Tenta par réflexe, d'absorber le chiffon humide qui demeura là où il devait être, à la fois à distance de la mâchoire et intime à ses lèvres taries. Les fines membranes craquaient, desséchées, meurtries. Des crampes récurrentes, profondes, longues, la faisaient geindre, des maux de tête de plus en plus prégnants et douloureux lui ôtaient toute lucidité. Elle s'était vidée, rêvant presque joyeusement, un bref instant, à boire sa propre urine. Sordide répit dont la puanteur n'était qu'un symptôme.

Déliquescence et abomination

Au matin du second jour, elle se mit à délirer, croyant voir sa mère.

-Maman...Murmura-t-elle à peine, subjuguée par le cliquetis des bracelets, ivre d'une tendre vésanie.

Au dernier jour, quasi comateuse, ce fut, ô machiavélique perfidie, l'objet même de son exécration qui lui redonna un souffle de vie. Le parfum unique du précieux sang la tira de sa léthargie moribonde. Le contact sur ses orbes rétractées lui offrit suffisamment de lucidité et d'attention pour entendre et comprendre les paroles de l'esclave.

Tout d'elle hurlait à s'abreuver au merveilleux vermeil. Son squelette remua autant qu'il put.

Au bord du gouffre, au bord du tombeau, elle hocha lentement la tête.

-A boi...re...Oui…Do...cile...

 Eden Memories
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   [Sarah & Rán] Une île sans phare.  Empty() Mer 5 Mai - 17:13

Une île sans phare
Sarah & Rán


« Bertil, Bertil,
Vite saute dans l’eau,
Quelque chose a corrompu ton vaisseau.

Bertil, Bertil,
Sens-tu le vent sur ta peau ?
C’est la sorcière qui est dans ton dos.

Bertil, Bertil,
Il n’est pas trop tard.
Cours, cours, nage et pars.

Bertil, Bertil,
Quelle idée bizarre,
D’unir ton coeur à cette île sans phare.

Bertil, Bertil,
Rán t’a saisie !
Au fond de l’océan, tu es maintenant punie.

Bertil, Bertil,
Les sorcières sont honnies,
Elles détruisent toujours ce qu’elles ont chéri. 
»
Berceuse norroise.

L’esclave tendit l’oreille, peinant visiblement à discerner les geignements de la prisonnière. Elle déduisit sans sourire qu’il s’agissait là de rémission et hocha longuement la tête.

« Voilà qui est plus raisonnable, n’est-ce pas ? Vois dans quel état tu es. »

Plissant le nez de dégoût sous l’odeur que dégageait la captive, la jeune esclave recula d’un pas. Cette nouvelle la chagrinait un peu. Certes, la vision du supplice n’était pas agréable mais les repas chauds et la robe lui manqueraient. Elle soupira avant de rassembler tout ce qu’elle devait remonter à l’étage.

Au moins, elle s’apprêtait à annoncer une nouvelle positive à la dame des lieux. L’air renfrogné qu’avait pris la porteuse de bracelets les premiers jours lorsqu’elle lui avait dit que, non, la prisonnière ne suppliait pas encore, l’avait légèrement angoissée. Dame Rán n’aimait pas être contrariée et pouvait se montrer cruelle, dans ces cas-là.

Le plateau entre les mains, elle sortit, sans un mot de plus.


***

Une longue heure s’était écoulée lorsque du bruit se fit à nouveau entendre dans la geôle. Deux esclaves que la prisonnière n’avait encore jamais vues firent leur entrée, grommelant sous le poids d’un grand baquet d’eau qu’elle portait difficilement.

« Posez-le là. » ordonna une troisième esclave qui arborait des bracelets aux poignets et aux chevilles.

Les deux autres obéirent, veillant avec une attention craintive à ce qu’aucune goutte d’eau ne s’échappe. Une fois cela fait, elles fermèrent la porte de la geôle et attendirent, debout contre le mur, les mains dans le dos. Cette position de repos presque militaire leur semblait particulièrement naturelle.

La porteuse de bracelets s’approcha de la captive. Elle ne sembla pas remarquer la puanteur qui en émanait ou pour le moins ne le releva pas. Comme si une force extérieure le leur avait ordonné, les chaînes vénéneuses lâchèrent Sarah et se blottirent sur le sol comme des serpents.

« Bienvenue chez toi, Sœur. » la salua la porteuse de bracelets.

Elle prit son visage entre ses mains et déposa un baiser, très chaste, sur ses lèvres.

La guidant d’un bras, elle lui indiqua le baquet d’eau. Il était suffisamment large pour accueillir un corps fin comme le sien. L’eau ne semblait pas claire. Une légère mousse était visible à quelques endroits. Un parfum de musc floral s’en élevait encore.

« Notre Dame a décidé de te récompenser pour ce choix qu’elle juge pertinent. Voici l’eau de son  dernier bain. Elle est froide désormais mais suffira à te laver. Tu dois y récurer ton corps et peux, si tu le souhaites, la boire. Songe à chaque instant que cette eau a enveloppé sa peau ; c’est un grand honneur qu’elle te fait là. » lui expliqua la porteuse de bracelets, visiblement convaincue par ce qu’elle avançait.

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   [Sarah & Rán] Une île sans phare.  Empty() Mer 23 Juin - 13:52

Une île sans phare
Dame Ràn & Sarah


Who will remember me

La Mort se penchait sur son enfant, souriante et suave. Terre et Ciel mêlés s'embrassaient quelque part à fleur du Noir éternel. La fille aux mille combats allait s'en aller sans bruit, l'âme et le gosier aussi asséchés que le désert. Partir...Suffisait-il de se laisser aller ? La soif machiavélique la rendait folle à mourir, littéralement. Et justement, ne perdurait plus que cette lumière de ténèbres. S'accrocher à partir dans l'au-delà. L'esprit épuisé, vaincu, ne savait plus, ne voulait plus.

Elle finit par s'abandonner aux griffes de l'agonie. Une espèce d'hébétude de souffrance la faisait râler de temps à autre. Elle ne lutta plus, s'offrit à la douleur telle une dévote en mal d'un dieu. Ne pouvait plus penser, le cerveau terrassé. Son corps prenait le pouvoir, incarnant par tous les pores le martyr des condamnés. Sarah était prisonnière d'une bien autre manière, de cet entre deux sans espace où le Temps retenait son souffle. Un prélude d'apnée avant l'éternité.

Mais le chaos n'était guère là où on l'attendait. A sa conscience engluée, un cliquetis tintinnabula doucement. Le son clair et léger lui annonçait l'entrée au paradis...La porte poussée avec une belle lenteur, le frôlement des ailes d'un ange...Le clapotis d'une source divine qui la brûla toute entière. Était-ce enfin la délivrance suprême ?

Les chaînes se rétractèrent. Libérée, l'humaine s'écroula sur le sol dur. Une séraphine s'approcha, la voix douce. «  Sœur… » ; ainsi, enfin, elle se trouvait au jardin d'Eden, ne serait plus jamais seule, accueillie par une céleste famille

Les mains soyeuses et chaudes saisirent son visage. Jamais un tel contact ne lui avait été donné. Elle se sentit fondre, moelleuse, noyée dans une tendresse qui ne pouvait être de ce monde. S'engloutit à la finesse des lèvres moelleuses qui effleurèrent les siennes.

Le baiser d'un ange...Sarah se perdit, les yeux enflammés soudain par une vague de larmes qui ne pouvaient s'exprimer. Sa dépouille survivante, asséchée, sacrifiait une autre douleur, nouvelle. Elle geignit tandis que la jolie créature l'aidait à s'approcher du baquet qu'elle n'avait point encore remarqué. Les quelques pas péniblement avancés suffirent à chasser le songe éphémère.

Elle entendit les paroles salvatrices: Boire...Lâchant le bras de l'esclave, elle s'agenouilla alors, penchée au bord du baquet et sans pudeur, se mit à laper comme une bête l'eau souillée. Le goût de savon lui laissait un goût amer et âpre sur la langue mais elle n'en avait cure, absorbant le liquide à grandes lampées, plongeant la bouche encore et encore…
La soif finit par s'apaiser. Epuisée par l'effort et la sensation d'extrême, elle s'appuya quelques instants contre le baquet, une main négligemment posée dans l'eau. Essoufflée, elle regarda alors les deux esclaves postées près de la porte, puis celle qui se tenait tout près d'elle. D'un geste, celle-ci lui indiqua qu'elle devait aller dans le baquet. Se laver…

Sarah ne réfléchissait plus. Exsangue, brisée, elle se dévêtit alors sans dire un seul mot. L'eau froide la fit grelotter, elle répugna à s'assoir, nue et gelée au centre du baquet. Les effluves de parfum qui s'en dégageaient lui semblèrent étranges. Que se passait-il au fond de ce cachot, entourée de femmes esclaves aussi dépouillées qu'elle ne l'était ?

Elle se frotta comme elle put, claquant des dents, tremblant de manière incontrôlable. Au fur et à mesure que la crasse se dissolvait, sa mémoire se rapprochait des propos de la jeune fille.
« …cette eau a enveloppé sa peau ; c’est un grand honneur qu’elle te fait là ».

Misère et damnation ! Au creux des spasmes glacés, la révolutionnaire se confrontait de nouveau à la réalité.

Elle eut un haut le cœur, puis un autre et encore un autre...Anéantie, elle finit par se recroqueviller, entourant ses épaules, incapable de bouger, figée. Mâchoires entrechoquées, elle se mit à sangloter sans larmes.


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   [Sarah & Rán] Une île sans phare.  Empty() Sam 24 Juil - 13:54

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Sarah & Rán


« Bertil, Bertil,
Vite saute dans l’eau,
Quelque chose a corrompu ton vaisseau.

Bertil, Bertil,
Sens-tu le vent sur ta peau ?
C’est la sorcière qui est dans ton dos.

Bertil, Bertil,
Il n’est pas trop tard.
Cours, cours, nage et pars.

Bertil, Bertil,
Quelle idée bizarre,
D’unir ton coeur à cette île sans phare.

Bertil, Bertil,
Rán t’a saisie !
Au fond de l’océan, tu es maintenant punie.

Bertil, Bertil,
Les sorcières sont honnies,
Elles détruisent toujours ce qu’elles ont chéri. 
»
Berceuse norroise.

La Dame du Lac étira de l’index le coin de son oeil gauche. Elle avait cru, en fronçant les sourcils, discerner une ébauche de ride qui, fort heureusement, avait disparu. Cela devait être un vilain tour de son esprit préoccupé. Les tributs de Bertil avaient été multiples ces dernières semaines, sa force vitale était renouvelée pour de nombreuses lunes. Elle n’avait pas à craindre une quelconque ride.

Le reflet que lui renvoyait le miroir de la salle principale était tout à fait satisfaisant. Elle lissa de la main les pans de sa sortie de bain en brocart fleuri et prit place sur l’imposant siège qui trônait sur l’estrade. Aussitôt, une esclave, nubile encore, s’agenouilla face à elle et lui proposa une coupe  de vin de la main gauche et un ouvrage poussiéreux de la droite. La sorcière lui adressa un regard amusé et détourna les yeux quelques secondes, miséricordieuse. La jeune esclave comprit aussitôt son erreur et inversa les deux présents de main. Une vague satisfaction adoucit encore le sourire déjà presque tendre de la maîtresse des lieux. Elle saisit la coupe et indiqua d’un doigt qu’elle ne voulait pas du livre. 

Alors, l’enferrée se prosterna à ses pieds et attendit patiemment qu’on fasse à nouveau appel à ses services.

Elle ne cilla pas lorsqu’une esclave mature fit son entrée, suivie par celle que les autres filles appelaient déjà « la nouvelle », dans les dortoirs. On disait qu’elle s’était montrée odieuse avec Dame Rán qui avait su garder le calme olympien qu’elle avait toujours pour les arrivantes. Cela ne durait jamais, malheureusement.

« Dame, voici notre Soeur, étanchée, lavée, repentie. » clama l’esclave mature.

C’était la formule d’usage. Nue, portant encore sur son visage les marques de trois jours d’agonie, Sarah était d’une beauté émouvante. Rán plongea dans son verre de vin pour déguster avec plus de saveur encore ce tableau dont elle était la peintre.

Doucement, la nouvelle fut guidée vers le trône où la sorcière, assise, la contemplait.

« Je sens sur chaque pore de ta peau l’odeur de la mienne, laissée dans mon bain. Quel intime lien nous attache désormais. Viens, et baise la main qui t’a châtiée avec ce si doux atermoiement » souffla la Dame.

Elle tendit la main vers la jolie brune qu’elle avait torturée durant trois jours. Son regard brillait déjà de l’excitation que lui causerait ce baiser. Elle savait que cela lierait le corps de sa suppliciée au sien bien plus que ne le font d’ordinaire les ébats vils des hommes. Sarah n’était qu’à quelques pouces d’elle lorsqu’une autre esclave pénétra dans la salle, soulevant la colère immédiate de leur propriétaire :

« Excusez cette intrusion, Dame, mais nous avons un visiteur. Un visiteur important. »

Les traits de la sorcière étaient tirés par la frustration. Elle s’était levée. Tout son être tentait de chercher dans l’air des lieux qui cela pouvait être.

« Qui est donc cet impudent ? » rugit-elle.

Un rire reconnaissable entre mille lui répondit, à l’autre bout du couloir.

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   [Sarah & Rán] Une île sans phare.  Empty() Lun 6 Sep - 13:38

Une île sans phare
Dame Ràn & Sarah


Who will remember me

Les Èves enchaînées attendirent trop sagement que la nouvelle venue s'apaise puis l'aidèrent à sortir du baquet afin de l'emmener auprès de la sorcière. Silencieuses, elles la guidèrent à travers le dédale des couloirs enterrés. Le froid humide la faisait grelotter mais au fur et à mesure de leur avancée, plus elles montaient vers les étages, plus une chaleur douce l'enveloppait. D'abord hébétée, Sarah finit par redresser la tête, reprenant quelque peu la maîtrise de son corps supplicié.

L'immense salle, somptueuse, lumineuse, où le petit groupe s'annonçait, déployait une opulence soyeuse. Le trône, mêlé d'ébène noire et blanche, majestueusement installé sur un tapis de soie précieuse, dominait l'estrade. L'ensemble contrastait brutalement avec le glauque du cachot. Saisie, la prisonnière en cligna des yeux, presque suffocante, les sens encore trop abîmés par le calvaire des derniers jours. Le pas davantage incertain tout à coup, elle s'appuya fortement sur les bras des deux esclaves qui la dirigeaient. Lentement mais sûrement, elle se trouva enfin tout près de la maîtresse des lieux.

Ô vénéneuse Beauté. L'aura maléfique, racée et gracieuse qui se dégageait de la personne de Dame Rán la percuta de plein fouet. Quelque chose...d'à la fois infernal, puissant, subtil et pourtant si suave émanait de tout son être. Et la sensation, irréelle, prégnante, s'amplifia lorsque la voix chaude et douce s'éleva à peine de ses lèvres.

Fascinée, la brune se perdit quelques secondes dans le regard scintillant, contemplant, émerveillée au delà de toute Raison, la grâce du geste et des doigts si fins qui tenaient la coupe d'or. Telle une apparition, les cheveux longs et dorés lui rappelèrent la Madone exposée à l'église Sainte Marie-Madeleine où elle priait quelquefois.

Une fraction, une fraction de Temps divin s'enlaça à son âme brisée. Aux affres des douleurs trépassées, l'éternité se penchait avec la légèreté d'une plume d'archange. L'âme s'était consumée, sacrifiée sur l'autel du Pouvoir Nocturne. Sarah ne s'habita plus. Seuls, ne subsistaient plus que les restes dépouillés d'une humanité en déchet.

La main sublime ondula dans l'air tiède. Perdue dans un ailleurs empoisonné et hypnotique, l'esclave, silencieuse, se mit à respirer à petits coups. Au fond, tout au fond, elle perçut l'hésitation salvatrice et sans doute aucun, mortifère : rebelle, on la tuerait n'est-il pas. Mais elle était trop faible, trop épuisée pour lutter. Elle flottait entre Terre et Ciel, incapable de discernement, le corps alangui et dolent à se laisser caresser par la chaleur ambiante. Voire...Pour la première fois de sa vie de guerrière, -pour la première fois, entendez-vous, Anges et Démons!- force et courage s'en étaient allés. Alors…

Alors, s'abandonnant à la pépie de ses os, ses muscles, sa peau, Sarah, indifférente à sa propre nudité, au bord d'un monde inconnu, à fleur d'une révolution bouleversante, s'inclina très lentement, paupières mi-closes.  Sa bouche trop sèche s'entrouvrit sur les dents blanches. Elle allait...elle allait sombrer à baiser si délicatement le derme moelleux. Mais le naufrage succomba aux paroles impromptues qui résonnèrent le glas d'une machiavélique perdition. Le changement d'attitude de Dame Ran interrompit l'œuvre de l'Inconscience. Le timbre violent acheva de la faire reculer. La haine, assoupie, se réveilla, quoique lascive et usée des sévices, mais l'instant de grâce, l'instant d'éternité noire, mourut fraîchement au surgissement de l'éclat de rire. L'esclave sursauta, se redressa d'un coup.

C'était fini.


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   [Sarah & Rán] Une île sans phare.  Empty() Mar 7 Sep - 15:25


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Azazel, Sarah & Rán
De bien vilaines rumeurs s'étaient glissées jusque dans les oreilles attentives d'Azazel au cours des derniers jours. Des rumeurs impliquant sa sorcière favorite ainsi que l'une des humaines qu'il connaissait le mieux.

Ces rumeurs avaient été confirmées par Lady Agnès elle-même, qui déplorait la perte de ses deux jouets favoris : d'abord Gregory, le vampire qui s'était placé entre ses griffes de son plein gré ; puis Sarah, devenue possession de Dame Rán.

L'opportunité était trop belle pour que le démon tentateur et joueur qu'il était résiste à l'envie de rendre une petite visite à ces deux femmes qui, il en était certain, devaient s'entendre à merveille.

Azazel se présenta donc au domicile de la sorcière. Le fait de ne pas être accueilli par l'agressivité habituelle de la Dame ennemie l'amusa profondément. Il devina qu'elle était occupée à discipliner sa nouvelle esclave.

Sourd aux contestations de l'esclave qui lui ouvrit, il s'imposa dans l'entrée et patienta. Il fut récompensé par le rugissement de la propriétaire des lieux, auquel il répondit par un éclat de rire qui, il en était certain, ne manquerait pas d'accentuer la fureur de sa rivale.

Guidé par cet éclat de voix, il s'avança dans le couloir, jusqu'à rejoindre avec nonchalance la pièce dans laquelle se trouvaient les deux femmes.

- Quel tableau touchant. Permettez, ma Dame, que je vous félicite pour cet achat. Vous ne pouviez tomber sur meilleur divertissement.

Azazel adressa à Sarah - du moins, ce qu'il restait d'elle - un sourire trop large pour être sympathique. Il inclina néanmoins la tête en un semblant moqueur de salut.

- Ma chère, cela faisait bien longtemps. Tu as de nombreuses choses à me raconter.
 

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   [Sarah & Rán] Une île sans phare.  Empty() Dim 7 Nov - 17:44

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« Bertil, Bertil,
Vite saute dans l’eau,
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Bertil, Bertil,
Sens-tu le vent sur ta peau ?
C’est la sorcière qui est dans ton dos.

Bertil, Bertil,
Il n’est pas trop tard.
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Bertil, Bertil,
Quelle idée bizarre,
D’unir ton coeur à cette île sans phare.

Bertil, Bertil,
Rán t’a saisie !
Au fond de l’océan, tu es maintenant punie.

Bertil, Bertil,
Les sorcières sont honnies,
Elles détruisent toujours ce qu’elles ont chéri. 
»
Berceuse norroise.


La mâchoire de la sorcière se serra. Elle soupçonna Azazel de s’être fait annoncé à l’exact moment où sa nouvelle esclave consentait à baiser la main qui l’avait châtiée durant trois longues journées. C’était là une précision trop démoniaque pour être le simple fruit du hasard. Il venait de mettre à mal le début d’un dressage qui l’excitait beaucoup. Elle le lui ferait payer au centuple.

Altière, elle releva le visage et fit face à l’odieux intrus.

« Mes achats ne vous regardent pas. À moins bien sûr que vous vous décidiez enfin à mettre en vente votre absence. C’est un bien pour lequel je suis prête à me séparer de ma fortune. »

En le voyant s’adresser à Sarah, elle gronda d’une colère renouvelée. Elle ignorait le lien qui unissait les deux damnés mais cela ne présageait rien de bon. L’envie de la tuer aussitôt lui traversa l’esprit. Mais sa curiosité -plus grande de ses faiblesses avec la rancune- l’en dissuada. 

D’un geste de la main, elle fit venir un petit groupe d’esclaves qui accueillit l’impudent avec un respect froid. Les filles se mirent à l’ouvrage avec lenteur, n’osant pas une seule fois lever les yeux vers celui qu’elles devinaient être un hôte fort contrariant pour leur Maîtresse. Il se murmurait des choses, dans les couloirs et les dortoirs. Des choses qui supposaient un lien entre les colères dévastatrices de la sorcière et le visage enjôleur d’un démon. C’était là encore une bien étrange sorcellerie, on savait avec certitude que Dame Rán préférait les femmes aux hommes. 

On lui porta un siège, un verre de vin du Nord et on lui proposa de prendre sa veste. La voix des esclaves semblait être un soupir contenu, à peine un murmure. La maîtresse des lieux n’appréciait pas les nuisances sonores. 

Pendant cet accueil protocolaire, elle n’avait pas détaché pas son regard de la silhouette d’Azazel. Elle scrutait chacun de ses gestes, chacune de ses expressions, à la recherche de réponses face aux questions que lui causait une telle intrusion. Sa colère s’était figée en une expression de méfiance dédaigneuse. 

« Une pâle brune malingre à la lignée discutable… La redondance de vos choix amoureux fait grimacer. Comptez-vous lui ôter aussi un de ses organes pour le garder en trophée sur une des étagères poussiéreuses de votre garçonnière ? Au moins Sarah n’aurait-elle pas à m’espionner sur les falaises pour venir supplier mon aide, elle. »

Le souvenir de sa dernière entrevue avec Mary Shelley lui arracha un sourire moqueur. 
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