Close your eyesAzazel avait passé sa journée à l’opéra. Comme à son habitude, il avait assisté aux répétitions, avait corrigé les défauts de l’orchestre, avait conseillé les danseurs, s’était tout simplement assuré du bon déroulement des représentations à venir. Chaque fois qu’il était libre de disposer de son temps comme il l’entendait, il s’y rendait. Chaque employé avait fini par s’habituer à le voir errer dans chaque recoin du lieu, s’efforçant à chaque visite de dissimuler ses frissons d’appréhension. Le Seigneur était en effet un être exigeant, qui ne se montrait jamais aussi sévère que lorsqu’il était déçu d’une performance.
Mais sa soirée, il la dédiait à un autre. L’un de ses favoris, en vérité. Charles Garnier était l’architecte au coeur de la construction de cet opéra, qui était une véritable œuvre d’art à lui tout seul. Hélas, la construction de cette bâtisse tardait trop. Si la façade était achevée, les détails n’étaient pas encore établis. Azazel suspectait son damné de retarder l’échéance. Cela ne l’aurait rendu que plus attachant encore, mais c’était également une contrariété pour le démon.
Alors, quand vint le soir et que les rues s’animèrent suite à la sortie de tous les êtres nocturnes, le terrible mécène apparut dans l’appartement occupé par l’architecte.
Dans sa main droite, il tenait une bouteille contenant un liquide verdâtre. Il la déposa sur le premier meuble qu’il vit et, en habitué des lieux, sortit de sa cachette une fontaine à absinthe et la déposa elle aussi sur une table. Deux verres à pied apparurent mystérieusement sur le meuble, deux verres à l’allure trop onéreuse pour appartenir à l’humain.
Avant de les servir, Azazel s’intéressa cependant à Charles. Celui-ci était dans la pièce adjacente, s’il se fiait à l’unique autre présence qu’il percevait dans l’appartement. Une porte les séparait. L’humain était-il assoupi, ou simplement ivre ?
Après un sourire vicieux à l’idée de surprendre son charmant damné, le Seigneur toqua deux coups, puis ouvrit la porte.
- Charles, mon tendre et pauvre ami, debout. Ce soir, amusons-nous, intima-t-il d'un ton qui dissuaderait quiconque de la moindre protestation.:copyright: 2981 12289 0
[Azazel & Charles] Close your eyes and surrender to your darkest dreams.