Merteuil - Entre mes dunes reposent mes infortunes

CARACTÈRE ▬ Arrogante : « Je n’aime pas qu’on ajoute de mauvaises plaisanteries à de mauvais procédés ; ce n’est pas plus ma manière que mon goût. »

Il aurait été chose aisée de dire de la Marquise de Merteuil qu’elle était arrogante. Elle n’aurait par ailleurs pas même cherché à le nier. Cependant, ce trait de caractère revêtait pour elle bien plus d’une qualité -française, de surcroît- que d’une tare. Ainsi, à sa mère qui eut l’outrecuidance de la qualifier de  « petit démon plein d’arrogance » en public elle répondit fièrement, du haut de ses quatorze ans « Deux fois merci, Mère. »


Glaciale : « La pitié, l’amitié et l’amour sont également étrangers à votre coeur. »

La totalité de son épiderme n’est pas la seule chose qui soit glaciale chez la jeune femme. Un pragmatisme souverain accouche dans son esprit d’une froideur totale. Elle ne fut qu’à peine émue du décès de son époux et s’avoua ouvertement soulagée de celui de sa mère, survenant la même année. Cette hivernale indifférence ne l’empêcha pas de connaître les joies et colères des jeux amoureux. Cependant, deux noms seulement marquèrent suffisamment son âme : celui d’un Vicomte un peu trop loquace et d’une vampire un peu trop taiseuse.

Élégante : « Entrée dans le monde dans le temps où, fille encore, j’étais vouée par état au silence et à l’inaction, j’ai su en profiter pour observer et réfléchir. »

La Marquise de Merteuil défend l’élégance française. Elle trouve la mode victorienne d’un ridicule achevé et ne manque pas une occasion d’en exposer les profonds inesthétismes aux jeunes anglaises qu’elle rencontre -bien souvent, avant de leur ôter la vie, par amour de la mode, évidemment. Cette élégance vestimentaire s’accompagne d’un certain panache moral : il lui serait  insupportable de tuer sans s’être d’abord présentée à sa victime. Elle a reçu une éducation en couvent, tout de même.

Lubrique : «  En amour rien ne se finit que de très près. »

Lorsqu’elle n’est pas trop occupée à moquer l’amplitude des robes anglaises ou à causer galamment avec son repas du soir, la marquise s’adonne aux multiples plaisirs de la chair. Elle aime plaire et s’oublierait presque dans les jouissances terrestres si l’orgasme ne lui donnait pas si terriblement faim. Fort heureusement, ses amants constituent la plupart du temps de succulentes collations.

Atrabilaire : « L'humanité n'est parfaite dans aucun genre, pas plus dans le mal que dans le bien. Le scélérat a ses vertus, comme l’honnête homme a ses faiblesses. »

En société, de son vivant comme dans le trépas, la marquise claironne que le sort de l’humanité lui est totalement indifférent. Elle feint un détachement dédaigneux auquel elle crut elle-même relativement longtemps. Il en est en réalité tout autrement. Soumise à des humeurs de plus en plus sombres, elle se prend à souhaiter les plus grands malheurs à l’ensemble des hommes. De fait, étant habituée à voir se réaliser ses moindres souhaits… Elle les leur fait subir.


Amatrice d’Art : « Les plaisirs que je ne partage pas avec vous, il me semble n’en jouir qu’à moitié. »

La seule chose qui calme un tant soit peu les tumultes écarlates de son humeur est l’art. N’ayant pas l’âme collectionneuse, elle ne ressent aucun besoin d’accumuler leurs manifestations mais détient un score non négligeable de gardiens de musée tués pour cause de besoin nocturne et viscéral. Elle reste néanmoins particulièrement méfiante envers artistes, s’étant fait subtiliser l’ensemble de sa correspondance par un écrivain raté du XVIIIème siècle. Le scélérat s’était permis de la publier comme son oeuvre majeure ce qui avait déclenché l’une de ses premières crises de colère. Elle s’était occupée « de son cas » dans une jolie ville italienne avant que l’Armée du Rhin qu’il avait intégrée ne mette son étrange décès sur la cause de la dysentrie.

Obsessionnelle : « Je dis mes principes, et je le dis à dessein : car ils ne sont pas, comme ceux des autres femmes, donnés au hasard, sans examen et suivis par habitude, ils sont le fruit de mes profondes réflexions; je les ai créés, et je puis dire que je suis mon ouvrage. »

À l’instar de sa créatrice, la Marquise de Merteuil dispose d’une mémoire encyclopédique qu’elle juge handicapante. D’une part parce qu’il lui est impossible de savourer désormais des plaisirs mortels tel que l’alcool de rose ou le bain de soleil mais qu’elle en sent encore les délices, d’autre part parce que le souvenir de ses anciennes rancunes lui apparait avec tant de précision que le temps n’en atténue jamais la violence. La Marquise se retrouve donc soumise aux souvenirs obsédants de ses anciens plaisirs et heurts perdus.

Cruelle : « Cruauté, quel mot a autant de noblesse que celui-là ? »

La cruauté que la Marquise instille en toute chose ne date pas de sa transformation. Elle a, très jeune, développé un goût prononcé pour le « tourment des âmes simples ». À peine pubère, elle s’amusait à tourmenter son confesseur d’aveux -faux- longs et descriptifs des découvertes charnelles qu’elle aurait connues avec l’une des préceptrices du couvent. La malheureuse s’était vue envoyée à l’autre bout de la France, sans comprendre que son éloignement forcé n’était dû qu’à une remontrance publique que la future Marquise n’avait pas acceptée. Cette cruauté première, uniquement cérébrale, s’était nourrie d’un sadisme physique après sa transformation. C’était avec une délectation certaine qu’elle s’était aperçu que les âmes simples sont aussi particulièrement douillettes dans leur chair.



Élitiste : « Mais quand je serais menteuse comme vous me le reprochez, quel intérêt y aurais-je ? »

Le contexte de l’Ancien-Régime français dans lequel la Marquise fut élevée lui apprit à ne pas s’entourer du premier gueux en bas propres. Cet élitisme s’exacerba après qu’on la mariât avec un homme de peu de cervelle qui ne s’aperçut jamais qu’elle partageait la couche de son aide de camp et qu’elle versait chaque soir une dose grandissante de belladone dans son verre. Son veuvage lui permit de choisir avec plus d’exigence encore ses relations. Paradoxalement, son nouvel état vampirique la fit s’ouvrir aux âmes simples qu’elle méprisait et donc elle raffole désormais pour satisfaire son sadisme. Finalement, elle voit dans sa cruauté une certaine ouverture à l’autre ; un grand humanisme.

Conspiratrice : « Une occasion manquée se retrouve, tandis qu'on ne revient jamais d'une démarche précipitée.»

Parfois, il arrive que le meurtre, la médisance et l’intrusion nocturne dans les musées nationaux ne suffisent plus à occuper l’âme propice au spleen de notre Marquise. Alors, elle s’adonne à son loisir favori : la conspiration. Elle s’amuse terriblement de l’intrigue de cours et de la trahison, que cela serve ses intérêts directs ou suscite juste un chaos extrême qui suffise à sa distraction. Elle se servit de ces talents conspirateurs lorsque la particule accolée à son nom faillit lui faire perdre la tête, à la fin du XVIIIème siècle.

Behind the screen ▬ Pseudo : Flaubertienne ▬ Prénom : Diana ▬ Âge : 27 ans ▬ Pays :BREIZH ▬ Fréquence de connexion : QUOTIDIENNE ▬ Inventé, tiré de la littérature, scénario ? : Littérature / inventé ▬ Comment avez-vous connu le forum ? c'mon bébé ▬ Commentaires : tuvasfairequoi?